De nature un brin peureuse et avec un grand besoin de contrôle, jamais je n’aurais pensé pouvoir voyager seule un jour. Je suis de celles qui n’osaient pas s’arrêter seule dans un restaurant, pensant que tous les yeux seraient fixés sur elle. Pire encore, je me disais que je dérangerais puisque je prenais une table juste pour moi alors que d’autres auraient pu y manger à deux. En fait, je me voyais un peu comme un boulet pour les restaurateurs et un être étrange pour tous les autres, comme si au dessus de ma tête il y avait écrit « est toute seule », « voyage seule ouhhh la loose » …
Et pourtant au fond de moi, j’ai toujours pensé qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée et qu’il était hors de question de se priver de quoique ce soit juste pour cette simple et unique raison. J’étais tout à fait capable de faire d’autres activités seule alors pourquoi pas voyager ?
Le déclic a été personnel et peut-être que sans ces éléments de vie je n’aurais pas eu l’occasion, ni l’envie de me lancer et pourtant ce fut sans aucun doute, l’une des plus belles expériences de ma vie !
Pour cela, j’ai choisi Barcelone (of course !). Je m’étais rendue dans cette ville lorsque j’étais adolescente pour un voyage scolaire, et même si le coup de cœur avait été assuré, je n’aurais pas pu compter sur ces lointains souvenirs pour m’orienter. Mais heureusement, j’avais pu y revenir quelques années plus tard. Cette fois-ci j’avais eu devant moi plusieurs journées pour me remplir le plus possible de cette si jolie ville. Cette attirance presque « étrange » pour Barcelone me rassurait et me donnait assez de confiance pour pouvoir la choisir comme destination de voyage seule.
Alors bien sûr, quand on est un peu une stressée de la vie comme à mon image, prendre l’avion seule était déjà presque un exploit … ! Mais finalement, la détermination pour ce voyage personnel et l’envie d’atteindre tous les buts que je m’étais fixée étaient plus forts que tout et moi la grande stressée, je me suis sentie plutôt à l’aise face à cette moitié d’inconnu qui m’attendait.
A peine arrivée Plaça de Catalunya que j’avais déjà l’impression que tous mes sens se souvenaient de cet endroit. Ce fourmillant entre circulation et passants, la Rambla un peu plus bas, l’odeur de la ville … L’appréhension de l’étranger, laissait place à des souvenirs familiers.
Je me suis donc lancée à la conquête de la Rambla et chose frappante : seule, personne ne vient vous solliciter pour tester tel ou tel restaurant. Vous faites partie du décor, un peu comme si vous étiez d’ici, que vous n’étiez pas une cible touristique à atteindre et moi j’avais l’impression d’être chez moi.
Voyager seule m’a permis de faire le point sur moi-même, sur mes perspectives d’avenir, mes envies, mes rêves. J’ai compris qu’on pouvait aussi vivre pour soi, faire des choses juste pour soi et que ça ne signifiait pas pour autant de ne pas partager. J’ai partagé des choses, certes pas avec un compagnon de voyage, mais avec les gens que j’ai croisé, avec les amis qui sont restés et qui ont suivi de loin mes aventures et je partage encore aujourd’hui en vous racontant mon histoire. C’était une autre forme de partage mais pas moins belle qu’une autre. J’ai pris du temps pour moi. Je me revois face à cette mer et cette plage pas encore bondée de touristes (mais les désespérants vendeurs de bières et de massages, eux, étaient déjà bien là !), à écouter le bruit des vagues, sentir son soleil sur ma peau et me laisser à rêver, à m’accorder une pause.
Je ne m’étais encore jamais sentie aussi bien de toute ma vie. Je me sentais forte, je me sentais capable de déplacer des montagnes, j’étais on ne peut plus positive. J’étais fière aussi d’avoir dépassée quelques peurs. Pourtant, je n’avais rien fait d’extraordinaire. Nombreux sont ceux qui prennent l’avion seuls, font des découvertes seuls etc … oui mais voilà, moi ce n’était ni dans mes plans, ni dans mon caractère, du moins c’est ce que je pensais. C’est peut-être aussi pour ça que Barcelone me touche autant et me manque autant. Elle me ramène sans cesse à cette merveilleuse étape de ma vie. A cette idée que tout est possible si on s’en donne les moyens. Et que plutôt que de rêver sa vie, il était enfin temps de vivre ses rêves.
Alors, je me suis perdue dans ses ruelles, j’ai foulé ses pavés à en avoir mal aux pieds, je suis restée ébahie face aux créations du grand Gaudi, et … j’ai mangé une délicieuse paëlla en terrasse d’un restaurant … Je me sens bien près d’elle, le temps n’a plus d’emprise. Cette sensation d’être à sa place à un endroit sans même en connaître toutes les raisons.
Pour tous ceux et celles qui hésiteraient encore, n’attendez plus. Préparez bien votre voyage, n’allez pas au devant du danger. Choisissez, pourquoi pas, une destination qui vous rassure pour une toute première, mais ne vous mettez pas de barrières. Vous seuls pouvez les faire sauter ! Vivez !
A bientôt,
A.